Controverses, l'exposition photo

Publié le par Babiole

Il faut croire que les affaires reprennent puisque j’arrive enfin à prendre un peu de temps pour visiter un musée. En revanche, je n’arrive pas encore à supprimer la culpabilité que je ressens à quitter le bureau à 19h. Je crois avoir encore du chemin à faire !

 

Bref, trainant et traînée par l’adorable Zinc qui supporte sans broncher toutes mes sautes d’humeur délirantes, nous avons accompli l’exploit sans précédant de quitter le bureau à 18h30, sous un soleil radieux pour faire la « nocturne » de l’expo photo Controverses. Je mets des guillemets à « nocturne », parce que fermer l’expo à 20h au lieu de 19h me paraît un tantinet ridicule pour appeler ça une nocturne. Nous sommes arrivées à 19h en se disant qu’une heure serait suffisante mais que nenni.

 

L’expo prend place à la BNF Richelieu (58 rue de Richelieu, 75 002 Paris) et elle aura lieu jusqu’au 24 mai. Elle est ouverte du mardi au samedi de 10h à 19h, avec donc une « nocturne », jusqu’à 20h le jeudi, et le dimanche de 12h à 19h (fermeture lundi et les jours fériés). Le plein tarif est à 7 € et le tarif réduit à 5 €.

 

L’idée est de valoriser les photos qui se sont trouvées prises au milieu de controverses vigoureuses pour des raisons diverses et variées, tout en restituant le contexte dans lequel elles ont été prises. Toutes les photos ne se sont pas trouvées au cœur de violentes polémiques pour les mêmes raisons :

 

- théorie du complot (la photo de l’homme marchant sur la lune, par exemple. Beaucoup ont pensé qu’il s’agissait d’une photo faite en studio pour servir une forme de propagande américaine dans leur guerre froide avec l’U.R.S.S. Sur internet, on trouve beaucoup de vidéos qui détaillent les « preuves » démontrant la « supercherie »)

 

- manipulation des images (la photo des russes hissant le drapeau soviétique sur le Reichstag a été initialement retouchée car un des soldats portaient deux montres à son poignet ce qui prouvait que les russes s’étaient livrés au pillage)

 

- non-conformité aux mœurs (les photos d’enfants nus, notamment celle de Brooke Shield, trop suggestive ou encore photos pornographiques)

 

- atteinte à la dignité humaine (la photo de Bismarck sur son lit de mort, notamment met terriblement mal à l’aise)

 

- preuves d’une réalité incompréhensible ou insupportable (les rares photos prisent des camps de concentration nazis ou celles des charniers)

 

- limite et rôle des photographes (photo de cette enfant prise dans une coulée de boue et qui meurt sous l’objectif du photographe sans que personne n’ait pu faire quoi que ce soit pour la sauver)

 

Ainsi pour tout un tas de raisons différentes, les photos exposées révèlent des controverses parfois insoupçonnées. Ce qui est particulièrement intéressant, c’est justement toutes ses explications qui sont données sur le contexte dans lequel elles sont prises. Cette exposition, outre l’intérêt historique, sur l’évolution du rôle de la photographie dans le témoignage historique (qui m’a plus interpellé), met aussi en lumière un certain nombre de problématiques : jusqu’où peut aller la liberté de la presse ? Où place-t-on la limite entre l’art et la vie privée ou la dignité humaine ? La photo peut elle réellement se considérer comme un témoignage fiable ?

 

Où sont les limites que l’on doit placer au travail des photographes ? Vous connaissez la photo de cette petite fille africaine, maigre à en pleurer, recroquevillée sur le sol avec ce vautour derrière elle, qui attend sa mort ? Beaucoup de gens s’interrogent sur le photographe : doit il intervenir, est il humain de prendre la photo et de s’éloigner au nom du témoignage. Pour le coup, le photographe passe lui-même pour un charognard. En même temps, la photo marque les esprits, elle a ceci de bien qu’elle oblige à s’interroger et ceci de mal, qu’elle donne un côté voyeur de la misère humaine.

 

Difficile de juger en de telles circonstances et de lancer la pierre à des hommes qui ne font que satisfaire la curiosité morbide des gens. Cette exposition permet aussi de mesurer la valeur de la photo et sa volatilité, facile à interpréter, facile à corrompre. Une réflexion au sens large sur la photographie, l’art, le travail, le témoignage et le voyeurisme. Passionnant !

 

Babiole

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B
Babiole, ce fut un plaisir de t'accompagner à cette exposition passionnante dont tu as su vraiment bien retranscrire tous les enjeux et les problématiques. Ca me donne envie de la revoir ou plutôt de m'offrir le livre de l'expo, ce qui ne t'étonnera guère!
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B
<br /> <br /> C’est vrai qu’elle était vraiment sympa ! Et puis, franchement, j’ai passé un super moment ! Alors<br /> merci aussi !<br /> <br /> <br /> <br />